Elle utilise un AirTag pour tracker son petit ami puis le tue

Elle utilise un AirTag pour tracker son petit ami puis le tue
Image d'illustration © Tada Images, Shutterstock

Le AirTag est au cœur d’une controverse depuis qu’une Américaine s’est servie de ce dispositif de tracking conçu par Apple pour localiser son petit-ami et le tuer, le 3 juin dernier.

Andre Smith, un américain 26 ans, a été retrouvé mort près d’un pub d’Indianapolis le 3 juin dernier, après avoir été violemment renversé par sa petite-amie. L’arme du crime : un AirTag et une voiture.

Au petit matin de ce vendredi de printemps, Gaylyn Morris, 26 ans, s’est rendue au Tilly’s Pub & Grill au volant d’une Chevrolet Impala bleu foncé, déterminée. Soupçonnant son compagnon de la tromper avec une autre femme, elle a placé un AirTag – un dispositif conçu par Apple pour aider les gens à localiser leurs effets personnels – sur le siège arrière du véhicule d’Andre Smith afin de le suivre à la trace. Une fois arrivée au pub, Morris a attrapé une bouteille de bière vide par le goulot afin d’assener un coup à la jeune femme qui accompagnait Smith, tandis que ce dernier tentait de la retenir. Mais ce n’est qu’après avoir été éjectée du bar que Gaylyn Morris a repris la voiture, fonçant sur son petit-ami à trois reprises. La tête coincée sous le pneu côté conducteur et les jambes bloquées sous le pneu côté passager, Andre Smith a fini par mourir d’asphyxie traumatique, selon la police du comté de Marion (Indiana). Un homicide volontaire dont Gaylyn Morris répondra devant le tribunal le 23 juin.

Plus qu’un fait divers, une énième alerte face aux dangers du AirTag

Ce n’est pas la première fois que le AirTag se retrouve au cœur d’un fait divers aux États-Unis. Le 8 juin dernier, un policier de Miami-Dade a été accusé d’harceler son ex avec ce même traceur conçu par Apple. Concrètement, les AirTags permettent de retrouver des objets personnels grâce à une petite balise qui peut se connecter à tous les iPhone, iPad ou Mac à proximité, afin d’envoyer une position approximative à son propriétaire. Présenté comme une aubaine par l’entreprise lors de sa commercialisation en avril 2021, ce dispositif a très tôt été détourné de son utilité première. Dès septembre 2021, des témoignages ont afflué sur les réseaux sociaux.

La vidéo d’Ashley, une jeune américaine de 24 ans qui a été trackée par le biais d’un AirTag, a par exemple cumulé plus de 22 millions de vue sur TikTok, depuis sa publication le 20 septembre 2021. « Je tremble littéralement – regardez ce que je viens de trouver sur ma voiture », s’était-elle confiée sur les réseaux sociaux, paniquée. À côté d’elle, sa cousine montrait sur son écran de téléphone chaque arrêt effectué par la voiture d’Ashley ces quatre dernières heures – un trajet directement enregistré par le AirTag. « J’étais anxieuse à l’idée de dormir chez moi cette nuit-là […]. Les personnes prêtes à vous faire du mal ont des intentions inconnues, donc je n’aurais pas été surprise qu’elles me suivent », a-t-elle déclaré par la suite à BuzzFeed. Une expérience traumatisante qui s’est depuis multipliée.

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Sur les 150 rapports de police mentionnant des AirTags aux États-Unis, 50 cas concernent des femmes qui ont appelé la police parce qu’elles ont reçu des notifications indiquant que leur localisation était suivie par un AirTag qu’elles ne possédaient pas, rapporte le média Developpez. 25 de ces femmes étaient capables d’identifier un homme dans leur vie – ex-partenaire, mari, patron – qu’elles soupçonnaient fortement d’avoir utilisé le dispositif de traçage afin de les suivre et de les harceler.

« Pour beaucoup de gens, ce sont les proches qui représentent le plus grand risque », a confirmé la NNEDV (National Network to End Domestic Violence), à Numerama. Cette association américaine de lutte contre les violences domestiques s’était inquiétée des potentielles dérives engendrées par les AirTags, quelques jours seulement après leur commercialisation. « Les partenaires violents sont simplement déterminés à utiliser tous les outils possibles pour perpétuer leurs abus », avance la NNEDV.

Apple contraint d'agir

Le 10 février, Apple a reconnu le problème dans une déclaration, affirmant « condamner fermement toute utilisation malveillante ». La marque à la pomme a également annoncé la mise en place d'une alerte sonore de pistage, visible sur ses téléphones, prévenant un usager iOS lorsqu'un tracker est à proximité. Mais elle peut également se déclencher pour des « motifs bénins », prévient l’entreprise, comme lorsqu'un téléphone se trouve près d'airpods ou de clés connectées cherchant à se lier à un appareil.

Si cette mise à jour ne convainc pas entièrement, notamment en raison du délai éventuel de trois jours pour recevoir l’alerte et du niveau de la sonnerie potentiellement inaudible en fonction de l’environnement, elle répond tout de même à un phénomène qui inquiète massivement sur les réseaux sociaux – les hashtags #AirTags et #AirTagTracking comptabilisant respectivement 187 millions et 3,5 millions de vues sur TikTok – et qui émerge en France.

En mars dernier, une jeune femme originaire d’Amiens a posté un appel à la prudence sur les réseaux sociaux, face au tracking d’AirTags. « Les filles faites attention aux trackers sur Amiens, si vous recevez une notification 'Accessoire inconnu détecté près de vous’ appelez le 17 et surtout restez pas seule », a-t-elle écrit sur Twitter le 22 mars. Si la police d’Amiens (Somme) ne disposait alors que d’un seul signalement à ce sujet au moment des faits, elle dit prendre le phénomène très au sérieux, selon le Courrier Picard. Le ministère de l’Intérieur explique quant à lui que ces événements restent encore difficiles à quantifier à l’heure actuelle, mais rappelle que de tels faits sont punissables d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

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