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Six Français sur 10 qui ont changé de travail durant la pandémie le regrettent aujourd'hui

60% des Français regrettent d'avoir quitté leur ancien travail.

60% des Français regrettent d'avoir quitté leur ancien travail. - Pexels

Les salariés français démissionnaires sont ceux qui regrettent le plus en Europe leur ancien emploi, selon une étude.

L'herbe est-elle plus verte ailleurs? Pour la majorité des Français qui ont changé de travail ces deux dernières années, la réponse est non. C'est le résultat d'une enquête* réalisée par UKG dans plusieurs pays du monde.

Selon cette étude, 62% des personnes en France qui disent avoir changé de travail durant la période de la pandémie estiment qu'elles étaient plus satisfaites dans leur ancienne activité. Un taux bien supérieur que chez nos voisins. Ils ne sont que 46% en Allemagne, 39% au Royaume-Uni et 34% aux Pays-Bas à regretter leur choix de mobilité professionnelle. Seuls 24% des Français estiment être pleinement satisfaits, le taux le plus bas des pays étudiés.

Ainsi 25% des Français regrettent leur ancienne mission (contre 12% des étrangers interrogés), 25% aussi leur ancien salaire (16% à l'étranger) et 22% la politique de leur ancienne entreprise en matière de congés (11% à l'étranger). Le seul point où les Allemands, Britanniques et Néerlandais ont plus de regret que les Français c'est en ce qui concerne les anciens collègues de travail. Si 28% des Français les regrettent, ce taux grimpe à 37% pour les salariés à l'étranger. Au total, 95% des salariés interrogés regrettent au moins un aspect de leur ancien travail contre 80% des Allemands.

Les Français démissionnent plus

Cette déception française semble traduire une certaine impulsivité des salariés français lorsqu'il s'agit de changer de travail par rapport à leurs voisins européens. Ainsi parmi les Français ayant démissionné depuis le début de la pandémie, près de la moitié (49%) ont également décidé de démissionner une deuxième fois, de leur nouveau poste, durant cette période, soit plus de deux fois le taux des autres pays européens interrogés (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas).

Si les salariés français expriment des regrets, c'est le cas aussi de leurs anciens managers. Près des trois quarts (74%) des managers français assurent qu'ils réembaucheraient leurs employés qui sont partis (seuls 20% les reprendraient tous).

Les managers français reconnaissent par ailleurs que le dialogue est très important en France.

"Les conversations entre employés et managers sont plus fréquentes en France que dans les autres pays européens, ce qui offre de nombreuses opportunités pour résoudre les insatisfactions potentielles", estiment les auteurs de l'étude.

Près de neuf démissionnaires français sur 10 (86 %) disent avoir discuté de leurs intentions avec leur manager, et un nombre similaire de managers (81 %) reconnaissent que leur employé s'est exprimé à ce sujet.

"Malgré ce dialogue, les employés et les managers ne s'entendent pas toujours sur les raisons qui ont poussé une personne à quitter son emploi, relève l'étude. La France est le seul pays où les frustrations causées par le management sont en tête de liste des raisons des départs. Ainsi, le manque de valorisation est la première justification invoquée par les Français qui quittent leur emploi."

Méthodologie: Les résultats de l'étude sont basés sur une enquête menée par Morning Consult pour le compte d'UKG aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Mexique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France entre le 23 décembre 2021 et le 22 janvier 2022. L'enquête a été menée auprès de deux groupes distincts : 1 950 employés qui ont volontairement démissionné ou changé d'emploi au moins une fois depuis le début de la pandémie en mars 2020 (à l'exclusion de ceux qui ont démissionné pour cause de discrimination), et 1 850 managers qui occupent leur poste depuis au moins six mois et dont au moins un employé de leur équipe a démissionné pendant la pandémie.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco