Étude : comment les Français consomment l’information en 2022

Reuters Institute révèle son rapport annuel qui fait état de la consommation de l’information dans le monde.

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Une hausse de l'évitement des actualités est observée dans de nombreux pays, y compris la France. © Reuters Institute

Cette enquête de référence s’appuie sur la compilation de sondages en ligne effectués dans 46 pays, sur les 5 continents, entre fin janvier et début février 2022. Chaque échantillon fait état de plus de 2 000 personnes interrogées. En complément, des recherches ont été menées au mois d’avril afin de déterminer l’impact de la guerre en Ukraine sur la réception de l’information.

La TV en déclin, un évitement des actualités observé

Le smartphone, support n°1 pour consulter les actualités

Selon le rapport, les sources d’actualité en ligne ont devancé la télévision, comme source hebdomadaire d’information, pour 69 % des Français (contre 67 % en 2021). La télévision réunit 64 % des usages (contre 68 % en 2021). Quant au support utilisé pour consulter l’actualité, le smartphone poursuit son ascension, atteignant 66 %, tandis que l’utilisation de l’ordinateur reste stable (45 %). Dans son édito, Alice Antheaume, directrice exécutive de l’école de journalisme de Sciences Po, nuance ces données : « la télévision reste le moyen le plus populaire d’accéder aux nouvelles dès le matin (27 %), suivi du smartphone (25 %), puis la radio (23 %) ».

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Les sources d’information et supports utilisés par les Français en 2022. © Reuters Institute

Le rapport établit également un classement des sources d’information offline (TV, radio et papier) et online les plus consultées. Du côté offline, les chaînes de France Télévisions sont regardées de manière hebdomadaire par 36 % des répondants, détrônant BFM TV (35 %, contre 40 % en 2021). TF1 arrive à la 3e place du classement, tandis que les radios publiques parviennent à la 7e place (16 %) et les radios commerciales en 8e place (14 %). Parmi les sources online, 20minutes garde la 1ère place, suivi par les sites web de titres régionaux ou locaux, et de BFM TV en ligne.

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Les sources offline et online privilégiées par les Français en 2022. © Reuters Institute

Une année marquée par un évitement des actualités anxiogènes

La guerre en Ukraine a montré que l’évitement des nouvelles par les Français était en hausse, avec 36 % d’entre eux affirmant qu’ils s’abstiennent, souvent ou parfois, de consulter les actualités, contre 33 % en 2019 et 29 % en 2017. La France arrive en 6e place parmi les pays dont les répondants disent activement éviter les actualités, après le Brésil (54 %), le Royaume-Uni (46 %), les États-Unis (42 %), l’Irlande (41 %) et l’Australie (41 %).

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L’évitement des actualités est un phénomène mondial grandissant. © Reuters Institute

La confiance des Français en berne vis-à-vis des médias

La confiance accordée par les Français aux médias reste très basse par rapport aux normes internationales. La France se classe ainsi 41e sur les 46 marchés analysés par l’enquête. Seulement 21 % des utilisateurs français pensent que les médias sont indépendants de la politique, et seulement 19 % croient qu’ils sont indépendants de l’influence commerciale.

La presse régionale et locale reste la plus fiable pour 58 % des Français contre 14 % qui se disent méfiants. Les chaînes de France Télévisions sont considérées comme fiables pour 53 % des Français, contre 20 % qui se méfient des informations partagées par cette source. France Info suit avec 50 % des usagers français qui trouvent la source crédible, contre 20 % qui doutent des informations fournies. En fin de liste figure BFM TV, considéré comme pas fiable pour 40 % des répondants, contre 37 % qui pensent le contraire.

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La France fait partie des pays dont les habitants ont le moins confiance en les médias. © Reuters Institute

Facebook toujours en tête des réseaux favoris des Français, mais TikTok prend de l’ampleur

Facebook maintient sa place de leader des réseaux sociaux les plus utilisés par les Français pour consulter les actualités. Cependant son score stagne. YouTube suit, utilisé par 25 % des internautes français pour accéder à l’information. WhatsApp perd 2 places, devancé à nouveau par Facebook Messenger en ce qui concerne l’usage des applications de messagerie.

Si TikTok n’apparaît pas dans le classement, dans son édito, Alice Antheaume souligne le terrain que gagne petit à petit le réseau social chinois. « 5 % des internautes français utilisent TikTok pour se tenir au courant de l’actualité. Les utilisateurs et vulgarisateurs qui traitent le sujet de la guerre en Ukraine sur TikTok sont tout particulièrement consultés », affirme-t-elle.

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Les réseaux sociaux et applications de messagerie les plus utilisés par les Français en 2022. © Reuters Institute

Les informations clés à retenir d’un point de vue mondial

  • La confiance dans les informations données par les médias a chuté dans près de la moitié des pays présents dans le rapport et augmenté dans seulement 7, annulant en partie les évolutions connues au plus fort de la pandémie de Covid-19. En moyenne, environ 4 personnes sur 10 de l’échantillon total (42 %) déclarent faire confiance à la plupart des informations. La Finlande reste le pays avec le niveaux de confiance globale le plus élevé (69 %), tandis que la confiance dans les médias aux États-Unis a encore chuté de 3 points et reste la plus faible (26 %).
  • La consommation des médias traditionnels, tels que la télévision et la presse écrite, poursuit sa chute sur presque tous les marchés (et cela même avant la guerre en Ukraine). Alors que la majorité continue de consommer l’information, d’autres se détournent des médias et, dans certains cas, se déconnectent complètement des actualités. L’intérêt général pour les informations a fortement baissé sur tous les marchés, passant de 63 % en 2017 à 51 % en 2022.
  • Dans le même temps, la proportion des internautes qui déclarent éviter les informations, souvent ou parfois, a fortement augmenté dans tous les pays. Ce type d’évitement a doublé au Brésil (54 %) et au Royaume-Uni (46 %) au cours des 5 dernières années. Ainsi, de nombreux répondants affirment que les nouvelles ont un effet nocif sur leur humeur. Une proportion importante de personnes plus jeunes et moins éduquées déclare éviter les nouvelles parce qu’elles peuvent être difficiles à suivre ou à comprendre, suggérant que les médias d’information pourraient faire beaucoup plus pour simplifier le langage et mieux expliquer ou contextualiser des actualités complexes.
  • Parmi les 5 pays ayant été analysés après le début de la guerre en Ukraine, le recours aux informations télévisées est en hausse, notamment par ceux qui sont les plus proches des combats, comme l’Allemagne et la Pologne, enregistrant les plus fortes augmentations. L’évitement sélectif des nouvelles a encore augmenté, probablement en raison de la nature difficile et déprimante de cette actualité.
  • Les préoccupations mondiales concernant les fake news restent stables cette année, allant de 72 % au Kenya et au Nigeria, 32 % en Allemagne et 31 % en Autriche. Les personnes interrogées affirment avoir vu plus de fausses informations concernant le Covid-19 que concernant la politique dans la plupart des pays.
  • Malgré l’augmentation de la proportion de personnes payant pour accéder à des informations en ligne dans un petit nombre de pays plus riches (Australie, Allemagne et Suède), certains signes indiquent que la croissance globale pourrait se stabiliser. Convaincre les jeunes de payer reste un enjeu crucial pour l’industrie, l’âge moyen d’un abonné à l’information numérique étant proche de 50 ans.
  • Une grande partie des abonnements numériques va à quelques grandes marques nationales. Aux États-Unis et en Australie, la majorité de ceux qui paient pour l’information souscrivent à plus d’un abonnement. Cette indication souligne l’offre accrue de produits d’information payants différents, dans des domaines tels que l’opinion politique ou les nouvelles locales, laissant espérer que davantage de personnes paieront pour plusieurs titres.
  • La collecte de données de première partie devenant de plus en plus importante pour les éditeurs avec la fin prochaine des cookies tiers, la plupart des consommateurs hésitent encore à enregistrer leur adresse email auprès des sites d’actualité. Au global, seulement un tiers (32 %) déclare faire confiance aux sites web d’informations en matière de données personnelles, ce chiffre est encore plus faible aux États-Unis (18 %) et en France ( 19 %).
  • L’accès aux actualités continue d’être de plus en plus distribué. Sur tous les marchés, moins d’un quart (23 %) préfère les consulter sur un site web ou via une application. Ce chiffre est en baisse de 9 points depuis 2018. Les 18-24 ans ont une connexion encore plus faible avec les sites web et les applications, préférant accéder aux actualités via des voies secondaires telles que les réseaux sociaux, la recherche et les agrégateurs mobiles.
  • Facebook reste le réseau social le plus utilisé pour les actualités, mais les utilisateurs sont plus susceptibles de dire qu’ils voient trop d’actualités dans leur feed par rapport aux autres réseaux. Alors que les internautes plus âgés restent fidèles à la plateforme, la plus jeune génération s’est tournée vers des réseaux plus visuels au cours des 3 dernières années.
  • TikTok est devenu le réseau à la croissance la plus rapide, atteignant 40 % des 18-24 ans, dont 15 % utilisent la plateforme pour les actualités. L’utilisation est beaucoup plus élevée dans certaines parties de l’Amérique latine, de l’Asie et de l’Afrique qu’aux États-Unis ou en Europe du Nord. Telegram a également connu une croissance significative sur certains marchés, offrant une alternative flexible à WhatsApp, l’application de messagerie de Meta.
  • Le smartphone est devenu le support dominant par lequel la plupart des internautes accèdent aux actualités le matin. En Norvège, en Espagne, en Finlande et au Royaume-Uni, le smartphone devance la télévision, tandis que la radio conserve un rôle important en Irlande. La lecture de la presse quotidienne est toujours étonnamment populaire aux Pays-Bas, et la télévision domine toujours au Japon.
  • Après le ralentissement de l’année dernière en partie causé par les restrictions de mouvements pendant la pandémie de Covid-19, la croissance des podcasts semble avoir repris, avec 34 % ayant consommé un ou plusieurs podcasts au cours du dernier mois. Les données montrent que Spotify continue de gagner du terrain sur les podcasts, mais également Apple et Google dans un certain nombre de pays, et que YouTube bénéficie également de la popularité des podcasts vidéo et hybrides.

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